Régionales 2004 : réponse de la liste Gauche Populaire et Citoyenne - Marie-George Buffet, Ile-de-France, au courrier de la Fraap

En réponse à notre courrier interpellant les candidats aux élections régionales, les engagements de la liste Gauche Populaire et Citoyenne - Liste présentée par le Parti communiste français, l’Association de la gauche républicaine et les Comités d’alternative citoyenne.

Publié en ligne le et mis à jour le .

Paris, le 25 février 2004

Monsieur le Président,

Je réponds à votre courrier et aux questions précises que vous formulez à l’occasion des élections régionales.

Nos propositions concernant les arts plastiques, élaborées dans un « chantier » ouvert au public avec des professionnels des arts et de la culture, sont les suivantes :

  • le paiement du droit de présentation aux plasticiens pour les initiatives régionales
  • la création d’un centre de ressources des arts visuels.
  • la réalisation du 1 % artistique pour les chantiers régionaux
  • La réalisation d’ateliers d’artistes en plus grand nombre
  • Le financement de résidences d’artistes et d’écrivains dans les lycées, mais aussi
    dans d’autres lieux publics ou privés. Nous pensons en particulier qu’il faut rechercher
    avec les comités d’entreprises les moyens de multiplier ces lieux de résidence.
  • Concernant toutes les questions liées à l’élaboration des politiques régionales,
    nous sommes favorables à ce que celles-ci soient définies en étroite collaboration avec
    les associations d’artistes et d’une manière générale avec l’ensemble des professionnels des arts et de la culture dans les représentations qu’ils décident eux-mêmes. Nous pensons tout aussi indispensable d’ouvrir les comités techniques, des FRAC, à des artistes plasticiens choisis par leurs pairs.

Bien sûr je ne doute pas que l’ensemble des candidats aux élections régionales réponde favorablement à vos demandes, c’est pourquoi je me permets un certain nombre de commentaires permettant de préciser ce qu’est notre démarche.

Comme vous le savez, le gouvernement de Monsieur Raffarin et son Ministre de la Culture ont multiplié tous ces derniers mois un certain nombre d’actes publics dont la signification est toujours la même : le désengagement de l’intervention publique en faveur de l’art et de la culture. Le corollaire de cette politique c’est bien sûr de laisser de nouveaux champs de conquête à la marchandisation.

C’est pourquoi, je veux souligner auprès de vous que nous entendons lutter résolument contre ce que vous appelez à juste titre un « repli de l’engagement de l’Etat dans la diffusion et le soutien aux arts plastiques » et de son engagement en général dans le champ culturel.

C’est pourquoi au plan national en particulier, nous demandons que le budget de la culture passe du 1% du budget de l’Etat à 1% du PIB ce qui multiplierait par six les ressources en faveur du développement culturel.

Bien sûr dans notre esprit cela n’exclut nullement la définition de politique régionale audacieuse. Nous sommes dans un domaine de compétence déjà partagé. La participation financière des collectivités territoriales représente plus de 70 % des investissements et 50 % des crédits de fonctionnement dans le domaine des arts et de la création.

Il s’agit donc à mon sens, de trouver les formes de mutualisation des crédits publics de façon à résister au désengagement de l’Etat et à permettre l’orientation des crédits publics vers ce qui est vraiment essentiel. De ce point de vue nous combattons la décentralisation proposée par ce gouvernement en matière culturelle, qui propose de transférer aux collectivités territoriales la gestion d’une grande partie du patrimoine ou de l’enseignement des arts plastiques.
Et cela principalement parce que l’Etat entend ainsi se soustraire à des obligations nationales qui lui appartiennent. En même temps, nous considérons qu’il est possible, au niveau régional de développer une politique permettant de rapprocher les créateurs, les artistes, les publics et les citoyens de notre pays. C’est pourquoi, en particulier, nous faisons la proposition de constituer dans toutes les régions un Conseil régional de développement culturel et artistique permettant de mutualiser des crédits publics - d’état et régionaux - en proposant que la gestion de ces fonds soit décidée collectivement, par les élus bien sûr, des représentants des professionnels des arts et de culture, des créateurs et des citoyens.
Nous souhaitons une gestion transparente des fonds publics. En même temps il nous semble indispensable que nous ne passions pas d’une tutelle d’état à une tutelle régionale. Pour nous, le développement culturel nécessite que l’artiste soit véritablement au coeur des projets, tout simplement au coeur de la démocratie culturelle.
Cela suppose de garantir sa liberté comme celle des programmateurs et de l’ensemble des professions du domaine artistique.
Cette pétition de principe n’est nullement contradictoire, au contraire, avec la nécessaire appropriation par le plus grand nombre, de l’innovation culturelle et artistique dans notre pays.

J’ajoute que concernant l’Ile de France, l’effort budgétaire en faveur des arts et de la culture reste très modeste comparé à d’autres investissements régionaux. Il y a donc une forte marge de progression en la matière.
Sachez que notre liste « Gauche Populaire et Citoyenne » sera porteuse de ces propositions, et cela d’autant plus que nous les élaborerons, comme vous le savez actuellement, avec des collectifs d’artistes, de créateurs, de techniciens des arts et de la culture de façon à inaugurer des démarches nouvelles garantes de nouvelles pratiques politiques dans l’avenir. Je vous invite à y participer. Les élus de notre liste qui siégeront, je l’espère dans l’exécutif régional demaiii en Ile de France, seront porteurs de ces revendications.
Avec vous, avec le maximum de citoyens, nous nous efforcerons de faire avancer toutes ces propositions concrètes.

En vous remerciant de votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Marie-George BUFFET